top of page

DJAM la revue

Philippe Lesage

7 avr. 2016

Lecture rapide du line-up. Satisfaction non dissimulée devant les noms de la section rythmique : le pianiste Paul Lay – dernier prix Django Reinhardt décerné par l’Académie du Jazz – le contrebassiste Florent Nisse et le batteur Gautier Garrigue. Aux saxophones soprano et ténor, le leader Shauli Einav, un musicien israélien de 33 ans qui s’est déjà produit aux côtés de Aaron Golberg, Avishai Cohen, Don Friedman, Omer Avital ou Shai Maestro et qui eut comme professeur Arnie Lawrence et qui avoue être attiré par des saxophonistes comme Harold Land et Charlie Rouse (on apprécie ces choix assumés). Ceux qui s’exclameront qu’il s’agit encore d’un musicien israélien qui se partage entre les Etats–Unis et Paris devront reconnaitre que le jazz d’aujourd’hui se revivifie avec eux. Il signe toutes les compositions et précise dans le livret qu’il a fait appel à Assaf Matiyahu, sans doute pour affiner des correspondances latentes existant entre ses propres compositions et celles de Prokofiev, principalement sur les titres «  1415 », «  Tao Main » et «  Assai ».

Qu’est-ce qui fait encore courir de jeunes jazzmen ? Est-ce jouer une musique de ce niveau où leader et sidemen deviennent quatre mousquetaires endossant le fameux : «  tous pour un .. » ? Est-ce la volonté de « réévaluer les choses importantes de la vie et de penser le moment présent sans penser au passé ni au futur » comme l’écrit Shauli Einav dans son texte de pochette? Sans avoir de réponse précise, l’auditeur ne peut que boire à cette fontaine de jouvence et toutes les plages étant plus belles les unes que les autres, à aucun moment il ne lui prend l’envie d’appuyer sur la touche pause.

Comme précisé plus haut, dans ce que l’on pourrait qualifier d’ improvisation collective, les trois premières morceaux («  1415 », «  Tao Main » et «  Assai »), évoquent sans pesanteur les rythmes et dissonances de Prokofiev ; le sax y a parfois un son rugueux mais le piano de Paul Lay est élégant et lyrique et la basse se taille souvent la part du lion ; par contre, dans « Ten Weeks », le souffle long et acide du sax libère un fond angoissant. Un profond changement de climat s’opère sur les deux dernières plages : « Beam Me Up » et sur « 76 San Gabriel ». Dans «  Beam Me Up » le fender rhodes, avec ses accents plus datés, reprend les notes introductives de la contrebasse avec une insistance répétitive alors que le piano est remplacé, dans « 76 San Gabriel », par les accents métalliques de la guitare de Pierre Durand pour délivrer une musique évocatrice d’images.

bottom of page