11 janv. 2016
Reviews from France
Jazz A BaBoard
Beam Me Up – Shauli Einav Après sept ans passés aux Etats-Unis et un diplôme de l’Eastman School of Music en poche, Shauli Einav s’est installé à Paris en 2012. Le 19 janvier, le saxophoniste sort un quatrième disque, Beam Me Up, chez Berthold Records. Einav joue avec en quartet, avec le pianiste Paul Lay et le contrebassiste Florent Nisse, déjà présents sur A Truth About Me (2013), et en compagnie du batteur Gautier Garrigue. Einav invite aussi le guitariste Pierre Durand pour un morceau : « 76 San Gabriel ». Les sept thèmes sont de la plume d’Einav et quatre d’entre eux sont inspirés des œuvres de Segueï Prokofiev. Des mélodies dans l’esprit début du vingtième, mais aussi néo-bop dissonantes, soutenues par une rythmique dynamique et des chorus relevés : la musique du quartet est vivante. Einav adopte une structure thème – solo – thème et laisse de l’espace au piano ou au Fender de Lay. Le saxophoniste affiche une aisance à toute épreuve et sa sonorité moelleuse au soprano est particulièrement flatteuse, tandis que son ténor sonne presque comme un alto. Avec son jazz moderne et tendu, Beam Me Up s’inscrit dans l’air du temps.
Musicologie.org
8 janvier 2016, par Alain Lambert —
— Installé à Paris après un long séjour new-yorkais de sept ans, le saxophoniste a travaillé avec le compositeur Asaf Matityahu pour mieux faire ressortir les correspondances des thèmes de Prokofiev avec les siens, qui prennent ainsi une ampleur presque insolite, avant de glisser dans l'improvisation impétueuse, comme dans les deux premiers morceaux (1415 et Tao Main), directement inspirés de motifs extraits des Visions fugitives. Du jazz épanoui donc, avec deux solistes éblouissants, Shauli Einav au sax, ténor ou soprano, Paul Lay au piano, et une section rythmique impeccable, Florent Nisse à la contrebasse et Gauthier Garrigue à la batterie, très présents tous deux pour ajouter du volume et de la rondeur. Par exemple dans Assai, en écho à l'Assai moderato no 12 de Prokofiev, où le son lyrique du soprano est comme enluminé. Dans Dolce Gustav, le principe de variation, mélodique et rythmique, est assumé en profondeur et complexité par le saxophoniste, avant de céder la place à un piano songeur. Ten Weeks amplifie la gravité du ténor par des accords pesants. Le temps s'écoule de façon irréversible, en même temps qu'il nous fait évoluer dans nos vies comme une succession de solos qui jamais ne seront rejoués. Le morceau titre, Beam Me Up, change l'ambiance de l'album quand Paul Lay reprend l'amorce de la contrebasse au Rhodes Fender, de façon répétitive et hypnotique, pour d'abord entraîner le sax à s'emballer, avant de finir par s'y soumettre. Pour le final, la guitare de Pierre Durand tisse des arpèges scintillants à la méditation mélancolique du soprano, hommage à un ami disparu. Par contre, la résurgence d'un thème en quartet, non répertorié sur la pochette, quelques minutes après la fin du disque, me laisse comme toujours dubitatif. Pourquoi ne pas l'avoir inscrit comme tel sur le cédé, d'autant que le son en est très beau ? Un beau cédé très inspiré à découvrir en priorité. On peut écouter des extraits sur le site du saxophoniste. Alain Lambert 8 janvier 2016
CultureJazz
Àgé de seulement 33 ans, le saxophoniste israélien Shauli Einav possède déjà un vécu musical des plus riches bien que son premier album soit paru il y a seulement 5 ans. Quittant son pays natal pour New York, il est désormais installé à Paris où il a enregistré ce quatrième album largement inspiré par l’œuvre de Prokofiev dont il est un grand admirateur. Solide formation, solistes de très haut niveau, section rythmique sans failles : voilà un disque porté par l’esprit du jazz, fidèle à des codes esthétiques connus mais néanmoins original.